Miguel Katemb

Dans une nouvelle révélation alarmante, huit milliards de dollars américains se sont évanouis des caisses de la République démocratique du Congo (RDC) dans le secteur de la sous-traitance. Alors que les autorités tentent de transformer ce secteur en un pilier économique crucial et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’industrie minière, une mission de contrôle a révélé des mécanismes de fraude et de corruption qui ont sapé ces efforts.

Miguel Katemb Kashal, le directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance (ARSP), a présenté les conclusions de cette mission de contrôle au président Félix Antoine Tshisekedi cette semaine. Le rapport complet sera bientôt rendu public. Les autorités congolaises, conscients de l’importance de ce secteur, ont fixé des règles exigeant que les Congolais possèdent au moins 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance, laissant seulement 49% aux étrangers. Cependant, ces règles ont été contournées par diverses méthodes frauduleuses, obligeant l’ARSP à intensifier ses efforts pour mettre un terme à ces pratiques illégales.

Selon les déclarations de Miguel Katemb Kashal, la fraude et la corruption ont infesté le secteur de la sous-traitance. Cette situation a abouti à la fermeture des marchés de sous-traitance pour les investisseurs congolais, tandis que des acteurs étrangers se sont enrichis en dehors des frontières de la RDC, profitant du manque de présence congolaise dans le domaine.

Lorsqu’il a pris ses fonctions en décembre dernier, Miguel Katemb Kashal a souligné l’ampleur du problème : « Nous avons trouvé 3 700 sociétés de sous-traitance. C’était trop faible pour un pays de 100 millions d’habitants. Environ 90% de ces sociétés avaient des Congolais comme associés de façade. »

Pour résoudre cette situation préoccupante, une campagne de sensibilisation a été lancée en début d’année. Cette initiative a porté ses fruits, avec plus de 15 000 sociétés de sous-traitance recensées à ce jour. Toutefois, les Congolais sont toujours absents de secteurs cruciaux tels que les télécommunications, l’industrie brassicole, l’agriculture, l’énergie, la panification et l’industrie manufacturière, selon le directeur général de l’ARSP.

Les autorités ont des ambitions audacieuses pour le secteur de la sous-traitance, visant à atteindre entre 50 000 et 60 000 sociétés à capitaux majoritairement congolais d’ici la fin de l’année. La prochaine phase de contrôle ciblera le secteur minier, où l’ARSP espère détecter et éradiquer les malversations. Récemment, un cas impliquant des Chinois a été découvert et porté devant la justice à Kinshasa. Ces investisseurs étrangers auraient bénéficié de plus de 25 millions de dollars de dividendes, alors que les Congolais censés détenir 51% des parts n’ont reçu que légèrement plus de 280 dollars.

Le combat contre la fraude et la corruption dans le secteur de la sous-traitance en RDC demeure un défi de taille. Cependant, avec des mesures audacieuses, des efforts de sensibilisation et une volonté politique affirmée, les autorités s’efforcent de rétablir la transparence, la confiance et la participation locale dans ce secteur vital pour l’économie congolaise.